Thursday, June 25, 2009

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Yazbukey, portez des portraits

Yazbukey, portez des portraits



Trophées de chasse, corbeau empaillé, paire de lunettes à grosse monture rouge, buste de Pierrot en porcelaine coiffé d’un indéfinissable chapeau. Et, dans leur panier, Viktor et Kumpir, deux micro-chiens qui tendent l’oreille dès que leur maîtresse parle. Le décor du bureau-atelier de Yaz, co-créatrice avec sa sœur Emel -qui vit une partie du temps en Turquie-, de la marque Yazbukey, est planté. Mais ne nous laissons pas entraîner dans la contemplation de cet étrange endroit. Remontons plutôt le temps. Tout commence en l’an 2000. Yaz a fait du design industriel, est passée par le Studio Berçot, a travaillé avec Jeremy Scott. Emel, elle, après avoir planché sur les imprimés de Christian Lacroix, boucle son cursus au Studio Berçot. Elles décident de collaborer autour d’un concept simple : « Tout ce qui n’est pas le vêtement est accessoire ». Faute de place et de liquidités, elles débutent en créant des bijoux à partir de matières récupérées. «Je courais les fourreurs pour dénicher des chutes, du cuir…, raconte Yaz. Puis, tout cela était retravaillé, rebrodé ». Une boutique londonienne les remarque et les diffuse. « Un jour, ils nous ont appelées pour nous dire que Björk avait tout acheté. Résultat, en promo, elle portait nos bijoux. » L’affaire démarre donc sous les meilleurs augures et se poursuit de manière spectaculaire. «Notre idée, précise Yaz, c’est de proposer des éléments qui transforment une simple petite robe noire. » Un sautoir conçu à partir des cheveux, de la bouche et des yeux de la Cicciolina, un paquet de cigarettes tout en strass, des masques à porter comme des chapeaux, des minaudières relookées en paquets cadeaux, des chaussures à coordonner avec le tablier de son toutou… Aucune pièce ne passe inaperçue. « Il nous arrive d’avoir des coups de mou et les lignes s’en ressentent mais ce sont des périodes que j’oublie totalement… » On ne risque pas d’oublier les dernières inventions du binôme. D’imposants visages en plexi (leur matière fétiche) à porter autour du cou. « Au départ, nous voulions évoquer les transformations du visage de Michael Jackson. Mais cela n’aurait pas été correct ! Alors, on est revenues à Marilyn Monroe, une icône qui nous inspire souvent, et l’on a réinventé la fin de « My heart belongs to… ». Mon cœur appartient à un intellectuel, Woody Allen. Mon cœur appartient à un séducteur, Tom Selleck. Mon cœur appartient à un rockeur, Billy Idol. » Le portrait est d’ailleurs l’un des thèmes récurrents de la marque : «Nous aimons construire une histoire. C’est un univers qui s’installe avec le temps. » Tout un monde sexy, drôle, un brin provoc’, mis en scène autour d’images des deux créatrices et de Viktor et Kumpir. « Le projet actuel, c’est aussi d’ouvrir des boutiques qui nous permettraient de présenter tous les accessoires liés à notre imaginaire : de la déco, des objets, des souliers, des parfums… mais aussi les pièces uniques que nous présentons sur notre site. » Vous pensiez la chute du papier venue ? Surtout pas ! Car Yazbukey a d’autres tours dans son sac. Et, notamment, pour l’automne-hiver prochain, de la joaillerie avec de l’or, des diamants et des pierres précieuses. Des modèles avec des mots -souvent doux- qui, doublonnés, forme des totems. Des pendentifs-boîtes à gros nœuds renfermant un rubis. Ou encore, des amulettes inspirées des deux tatouages islandais que Yaz a, gravés sur ses bras : l’un défendant son espace personnel et l’autre enrayant la spirale du vieillissement. Une drôle de protection pour une jeune femme de 34 ans (qui ne ment plus sur son âge depuis peu) qui précise : « Moi, j’aime que nos créations plaisent aux gens âgés. Car si l’on touche une personne âgée, on touche tout le monde. »

VZ

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