Friday, December 31, 2010
Monday, December 27, 2010
Saturday, December 4, 2010
LV
Special order by Louis Vuitton for the Suadiye shop opening
Saturday, November 20, 2010
New Work
Monday, November 1, 2010
Thursday, October 28, 2010
Tuesday, October 26, 2010
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Comment ça un collier se porte autour du cou, un bracelet autour du poignet et une broche piquée dans un vêtement ? Et si l'on pouvait clipser une boucle d'oreille à son col claudine, mettre une broche à sa ceinture, ou porter un sautoir en bandoulière ? Emel Kurhan fait ce qu'elle veut avec ses bijoux et ses accessoires fétiches. Elle a fait du détournement un art de vivre en donnant une seconde vie à ses trésors de famille et autres trouvailles chinées aux quatre coins du monde. Créatrice avec sa soeur Yaz de la marque Yazbukey, adorée des Parisiennes hypes, Emel vole désormais de ses propres ailes, et vit aujourd'hui à Istanbul à la recherche de nouvelles aventures. Consultante, journaliste, créatrice d'une nouvelle marque de bijoux précieux... Elle nous a ouvert sa boîte à bijoux remplie de pièces pop, anciennes, flashy ou plus classiques, mais surtout détournées.
Tu as une façon bien à toi de porter les bijoux...
Ce que j'aime faire, c'est détourner les objets. Par exemple, quand j'achète des broches, je ne les utilise pas comme telles mais plutôt en bagues. Il y a des boutons de manchettes qui appartenaient à mon grand-père que j'ai transformé en bagues. J'aime bien que les choses vivent, je déteste les garder dans des coffre-forts, cela ne m'intéresse pas. Les choses doivent être portées. J'ai beaucoup de bijoux qui viennent de mon grand-père, de ma mère, que je transforme en objets nouveaux. Cela m'arrive aussi lorsque je trouve une pierre intéressante, je la monte en bague. J'aime porter les bagues l'une à côté de l'autre, sur deux doigts. Je chine beaucoup aussi de pièces lorsque je voyage. C'est une forme de recyclage ! Je connais un artisan qui fait de très beaux montages alors je ne me prive pas. J'aime aussi porter les colliers Yazbukey que l'on fait, ceux avec le ruban, en ceinture. Les broches aussi, j'adore les porter en ceinture sur une robe.
Chaque jour, je tiens aussi à porter des bagues un bracelet et un collier absolument. Cela ne me dérange pas de cumuler, de porter et une broche plus un gros collier par exemple. Du moment que c'est fait avec goût. Je me fais mes propres charms aussi, avec plusieurs pendentifs et breloques chinées un peu partout que je fait monter sur une chaîne. Et je change de bijoux tous les jours, en fonction de l'humeur. J'adore aussi porter les bouches d'oreille en broche, clipsées sur le col.
Je déteste l'idée même que l'on se prenne au sérieux avec des bijoux. La mode, c'est avant tout quelque chose d'amusant. Les gens s'habillent pour se décorer. Lorsque l'on se prend au sérieux, il n'y a plus cette légèreté. Le bijou, l'accessoire, c'est exprimer sa personnalité.
As-tu des créateurs fétiches, de mode ou de bijoux ?
Je ne suis pas beaucoup la mode. Je suis toujours un peu en retard et décalée ! Et puis c'est impossible de toujours être au courant de tout, il y a trop de choses qui changent vite. Parfois je fais semblant de connaître un créateur pour ne pas trop avoir l'air à côté de la plaque. Mais j'aime bien cette idée de ne pas être à la mode. Lorsque je trouve une pièce jolie, je me fiche de savoir de quelle marque elle est.
Il y a beaucoup de jeunes créatrices qui se lancent dans le bijoux fantaisie. A ton avis, qu'est qui a fait la différence avec Yazbukey ?
Avec ma soeur Yaz on a toujours beaucoup aimé porter des accessoires toutes les deux dans un style différent. Au moment de lancer la marque, instinctivement ce que l'on a voulu faire, c'était de penser à tout ce qui pouvait habiller une robe noire. Cela pouvait être des chaussures, un sac, des bijoux, un livre que l'on porte sous le bras, du maquillage... Tout ce qui "décore" en fin de compte. Je trouvais que le vêtement était quelque chose de très limité. Avec les bijoux, tu peux tout faire! C'est fantastique à quel point cela n'a pas de limite. Tu peux t'habiller n'importe comment, mettre une robe, un tee-shirt, un jean, il suffit simplement de bien les accessoiriser pour les rendre exceptionnels.
Mais ce qui a fait la différence, je pense, c'est que l'on s'est toujours dit que le jour où l'on ne s'amuserait plus en travaillant, on arrêterait tout. C'était le point de départ. Le désir de vendre uniquement ne peut pas être un moteur suffisant. Les matières, les formes... Tout est venu instinctivement, c'est pour cela que le projet a fonctionné. Un jour, j'ai vu une femme d'un certain âge qui portait une broche Yazbukey, je sais qu'il y a aussi de jeunes japonais complètement fans de nos bijoux, et j'aime l'idée qu'ils ont le même amour que nous, lorsque nous faisions le bijou. Nos clients fonctionnent beaucoup au coup de coeur, nous aussi. Si l'une de nous deux n'aime pas un modèle, on ne le sort pas.
Tu as décidé de t'installer à Istanbul. Pourquoi avoir quitté Paris ?
A Paris, il y a un peu ce côté qui m'agace, où tout a été déjà vu, déjà fait... J'avais besoin d'énergie nouvelle, avec cette envie de revenir à Istanbul. C'est ma ville depuis toujours. Je m'y suis installée et j'ai commencé à faire consulting, mais pas mode uniquement, je n'ai pas envie d'être enfermée dans ce circuit. J'ai commencé à faire des choses dont j'avais vraiment envie. J'ai fait du journalisme par exemple, en écrivant dans le Elle turc, j'ai participé à une émission de radio aussi, j'ai créé des petits bijoux en or et diamants. Tout aurait été beaucoup plus compliqué à Paris. J'aime ce côté spontané qu'il y a ici. Je donne des cours de mode à l'Université d'Istanbul, mes élèves sont très curieux et cela me donne beaucoup d'énergie. Je n'ai pas envie de dire "je suis créatrice de bijoux", je dis toujours que je suis une "storyteller", je raconte des histoires qui peuvent devenir un bijou, un sac, une émission de radio, un article de magazine, un roman, une expo... En voyage à Damas, il y avait un vieil homme qui allait au même café tous les soirs à la même heure. Il racontait des histoires de Saladin et je me suis dit qu'on faisait exactement le même métier !
Tu as beaucoup de projets à Istanbul, dont le lancement de ta propre ligne de bijoux. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Je vais faire des petits bijoux en or et diamants, très fins. Ce sera des petites choses très subtiles, fragiles... Je les imagine comme des porte-bonheur, car chaque pièce aura une attention. Je ne veux pas être limitée à une saison, je ne veux pas m'imposer de rythme pour rester créative.
Propos recueillis par Mélody Kandyoti
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